Entretien avec Myrtha Casanova

Veuve depuis 27 ans,

Mère de 6 enfants plus 2 enfants de son deuxième  mari

Barcelona, le 28/01/04    

Son Parcours   :

Née à Cuba, elle entreprend des études de Philologie, puis prend des cours d’ingénierie industrielle et obtient le deuxième degré de la Business Management de l’IESE (Instituto de Estudios Superior de la Empresa)de l’université de Navarre (associé à Harvard)

 

Toute son activité professionnelle sera marquée par son avant gardisme et le fait de devancer son temps…

Elle débute il y a 45 ans aux USA puis revient en Espagne ou elle créée une entreprise de Marketing ce qui était innovant en Europe, puis une compagnie américaine lui propose de monter son entreprise les StanHome, compagnie de produits ménagers, qui emploie 10 500 femmes.

Le régime de Franco et l’économie de marché se mélange avec un milieu très catholique et une dictature. Dans ce contexte, la femme traditionnelle ne travaille pas. Ce qui l’intéresse alors dans cette nouvelle entreprise c’est le fait de pouvoir aider des milliers de femmes  à se développer. L’apprentissage et le développement des femmes à travers leur développement professionnel est une des expérience qu ‘elle considère comme la plus intéressante de toute sa vie. Or, Il y a une contribution importante de cette entreprise à l’évolution de la femme. Les temps changent et certaines offres deviennent plus attractives pour ces femmes alors que l’entreprise ne sentait pas le besoin d’évoluer.

Elle travaille alors avec Joan Spit (auteur spécialisé dans les nouvelles tendances RH…) Elle installe son groupe en Espagne, dans le domaine de la télécommunication prévisionnelle.

Elle constitue alors une compagnie pour présenter des projets trans-européens au moment où l’Espagne allait entrer dans la CE. MC attache une grande importance à l’Europe qui permet le développement des pays selon elle.

Elle participe alors 42 projets avec des fonds européens, puis se spécialise dans la gestion de la diversité. Nous sommes dans les années 80/90 à peine, en Europe c’est le début des Ressources Humaines seulement ! Son entreprise appartenant à l’une des 150 meilleures entreprises des Etats Unis, elle sera choisit par Joan Spit comme représentante féminine pour bénéficier d’un panel de formation spécialisées dans ces domaines RH. Elle sera alors choisit comme « Femme de l’Europe Haward » en 1996.

Elle travaille sur la gestion des minorités, (femmes et immigrants…), sur l’égalité des opportunités et la segmentation (quels sont les intérêts de ces populations, leurs motivations …)

Puis, il y a 6 ans, elle fonde une ONG, « l’Institut Européen pour la Gestion de la Diversité », dont les membres sont répartis dans 16 pays d’Europe.

www.iegd.org

 Les 6 grands axes sont :

- La gestion de la diversité (travail avec l’université de Valencia la Business School, la plus cotée en Espagne)

- Rapprochement avec les Administrations locales (ce qui prend toute son importance dans une Europe à taux d’immigration fort, à faible taux de natalité et où le libre échange est roi)

- Travail avec différents programmes européens (sur les normes de qualités des RH incluant la gestion de la diversité notamment)

- Travail sur un programme d’intégration des citoyens en difficultés par le biais de l’art, à Barcelone

- Travail sur l’impact d’une Europe vieillissante (En effet en 2040, 40% des habitants européens auront plus de 60 ans, il s’agit alors de trouver des solutions pour rendre les « personnes âgées » plus actives notamment par la transmission de leurs savoirs aux plus jeunes. On pourra aussi travailler sur le trans générationnel pour éviter les pertes de connaissances en entreprise …)

- Services proposés aux entreprises

 

Pour elle :

La valeur ajoutée d’une femme en entreprise : celle-ci apporte une ouverture quand il y a une production, un travail en commun avec les hommes.

 

Ses difficultés en tant que femme : MC répond de façon globale, les femmes ne savent pas suffisamment travailler ensemble et se regrouper en réseau (or c’est elles qui décident de 85% de l’achat des produits et services)

 

Sa conciliation des temps de vie personnel et professionnel : Ayant 8 enfants, elle est obligé de faire confiance et pense que chacun doit « monter sa propre organisation pour garder une tranquillité émotionnelle et mentale ». Elle pense avoir eu la chance d’une aisance financière, ce qui lui a permis de gérer ses temps de vie ainsi que différentes aides des entreprises ou institutions locales.

Ses femmes exceptionnelles : MC aura du mal à trouver un modèle féminin dans un premier temps puisqu’elle nous parle de Mandela qu’elle admire pour sa gestion du problème de la diversité.

Cependant elle trouve ensuite une femme : Anita Rodrik, fondatrice de Body Shop. Celle-ci a su construire son entreprise en s’appuyant sur la diversité comme potentialisation de l’entreprise et de son entourage. Elle a su intégrer et concilier respect de la personne et de l’environnement et intérêt économique. Elle a pu ainsi monter son empire en s’appuyant sur la relation de  franchise établit avec ses associés et a ainsi prouvé que la diversité et le respect de l’environnement était rentable !

 

MC : .

Son projet, son rêve, aujourd’hui :

 

Son message : Le « toit de cristal » n’existe pas, il faut enlever cette excuse du chemin qui est trop souvent utilisée par les hommes pour supprimer une alternative alors que les femmes peuvent parfois se substituer au travail de l’homme. Former d’autres mécanismes de pouvoir et avoir des objectifs atteignables.

« Sois heureux et profites de ce que tu as déjà et partage avec les autres. »

 

Ses valeurs : Ténacité, Certitude (sure qu’elle pourra toujours s’en sortir), grâce à une grande flexibilité (il  y a toujours plusieurs solutions)

 

Sa maxime : On doit faire ce qui nous plait et tout ce qu’on fait doit apporter une contribution, même si c’est une petite chose…. Car plusieurs petites font une grande !

 

Son plus grand succès : Son fils, né avec une malformation multiple, car c’est un grand artiste, d’une sensibilité magnifique.

 

Ce qui la rend unique : La vie qu’elle a vécue tant personnelle, que professionnelle, politique, sociale ou économique…

 

Ce qu’elle souhaite changer dans sa vie ou qu’elle a changé par rapport à ses aïeuls…: Elle a gardé les valeurs de son père générosité et lucidité, ainsi que son jugement perspicace. En revanche, dans le comportement, elle se différencie de  sa mère car celle-ci ancienne championne de tennis n’a pas pu supporter l’exil et sa sortie de Cuba à 42 ans.

 

Son symbole : Une canne à pèche… « yo enceigno a pescar no doy el pescado » ,  « on enseigne à pécher, on ne donne pas le poisson »

 

Son caractère : Capacité à prévoir, anticiper ;  don pour l’optimisme et  faculté d ’ «avoir toujours des illusions à son âge » ;  Le fait de travailler dans des domaines qui lui plaisent lui donne le sentiment de n’avoir ainsi « jamais travailler ».

 

 

 

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